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Expérience patient

Image d'une médecin tenant la main d'un patient

Prise en compte de l’expérience patient: l’IFEP mesure son évolution

By Etablissement de santé, Qualité

l’Institut Français de l’Expérience Patient (IFEP) a pour objectif de mieux comprendre le phénomène de l’expérience patient et de proposer des moyens d’action pour démocratiser sa mise œuvre et permettre l’amélioration du vécu des patients. Pour cela, l’IFEP a mis en place dès 2018 un baromètre afin de mesurer l’appropriation des enjeux de l’expérience patient par les professionnels de santé, ainsi que les attentes des usagers. L’institut est récemment revenu sur les résultats observés durant les 5 années d’enquêtes afin de comprendre comment l’expérience patient a progressé, les leçons à tirer afin de mobiliser encore davantage les acteurs, et comment agir pour améliorer l’expérience patient.

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SOMMAIRE

  • L’expérience patient
  • Objectifs du baromètre
  • L’expérience patient gagne en notoriété
  • De plus en plus d’efforts de la part des établissements de santé
  • Les freins à la mise en place de l’expérience patient
  • L’expérience patient plébiscité par les professionnels de santé 
  • L’influence de l’expérience patient
  • Conclusion

L’expérience patient

L’expérience patient, c’est l’ensemble des interactions des patient et ses proches avec une organisation de santé susceptibles d’influencer leur perception tout au long de leur parcours de santé. Ces interactions sont façonnées à la fois par la politique conduite par l’établissement et par l’histoire et la culture de chacun des patients accueillis et également l’enrichissement de l’expertise de la maladie, par les connaissances et les savoirs issus de l’expérience de la vie avec la maladie (Beryl Institute). Aujourd’hui, l’expérience patient est de plus en plus reconnue et joue un rôle déterminant dans l’amélioration de la qualité des soins et de notre système de santé. En effet, l’expérience patient est une source capitale d’informations qui permettent une meilleure communication entre patients, professionnels et structures de santé. Il peut contribuer à l’amélioration des pratiques professionnelles ainsi qu’à la réorganisation de notre système de santé. Les initiatives pour améliorer l’expérience patient se multiplie. La HAS s’est également emparée du sujet et encourage les établissements de santé, via la certification, à recueillir et analyser l’expérience patient. 

Objectifs du baromètre

Le baromètre mis en oeuvre par l’IFEP entend “mesurer l’évolution de l’appropriation des enjeux de l’expérience patient par les professionnels de santé exerçant en établissement de santé ou médicosocial”. Pour le baromètre 2023, l’IFEP a interrogé, via un questionnaire en ligne, 713 professionnels exerçant dans un établissement de santé ou médico-social. Mi octobre, il a ensuite mis en ligne une étude mettant en perspective les différents baromètres conduits entre 2018 et 2023.  Elle vise à répondre à 2 questions: “Quelle est la place de l’expérience patient dans la stratégie des établissements de santé ? “ et “quelle est la perception des personnels sur les actions engagées?”. Finalement, les résultats de cette enquête servent à identifier les moyens d’action pertinents pour une meilleure prise en compte de l’expérience patient au sein du système de santé.

L’expérience patient gagne en notoriété

L’étude des baromètre 2018-2023 montre que l’expérience patient profite d’une constante progression depuis 2018. En effet, 73% des répondants déclarent avoir déjà entendu l’expression “expérience patient”, contre 55% en 2018, soit une augmentation de 18 points. En maintenant cette question à travers les différent baromètre, l’IFEP observe concrètement les bénéfices des actions et mesures de sensibilisation et de promotion de l’expérience patient. Par ailleurs, 63% des établissements indique qu’elle connait le terme “expérience patient” depuis plus de 2 ans, et 19% depuis plus de 5 ans. Ces résultats reflètent de manière assez cohérente les efforts déployés par l’IFEP et la communauté soutenant la promotion de l’expérience patient.

De plus en plus d’efforts de la part des établissements de santé

Pour son étude, l’IFEP a souhaité mesurer la perception des professionnels et des établissements de santé concernant les efforts entrepris aux seins des structures de santé en matière d’expérience patient. Il ressort que la proportion de personnes interrogées dont l’établissement a commencé à travailler sur l’expérience patient s’élève à 60%, contre 38% en 2019. 39% des interrogés ont répondu que leur établissement n’avait pas commencé à travailler sur l’expérience patient. On remarque donc que les établissements de santé fournissent des efforts constants pour la mise en œuvre de l’expérience patient, et cela malgré l’effet de recul qu’aurait pu générer la pandémie. Par ailleurs, le Beryl institute a réalisé un benchmark international afin de comparer les résultats français aux résultats internationaux. Les résultats indiquent que la proportion de personnes interrogées dont l’établissement a déjà commencé à travailler sur l’expérience patient s’élève à 85% en 2023, contre 15% en 2018. La progression est alors plus spectaculaire qu’en France et révèle sans doute un retard de la France concernant les efforts de politiques d’établissements vis à vis de l’expérience patient.

Les freins à la mise en place de l’expérience patient

Si la France se montre plutôt proactive sur l’expérience patient, l’étude de l’IFEP constate plusieurs freins à l’amélioration de l’expérience patient au sein des établissements. Depuis 2019, la préoccupation concernant l’épuisement professionnel et le stress des soignants constitue le principal obstacle majeur à l’amélioration de l’expérience patient. On remarque que depuis la crise sanitaire en 2019, l’épuisement professionnel du personnel soignant a pris de l’importance. Cette préoccupation en tant que frein à l’expérience patient est passée de 43 à 64%, soit une augmentation de 21 points. Ces résultats sont bien le reflet des pressions croissantes que subis le personnel de santé, et la nécessité de reconnaître leurs conditions de travail comme déterminantes pour la qualité des soins. Le budget et la formation des équipes soignantes constituent les deux autres freins les plus importants à l’amélioration de l’expérience patient.

L’expérience patient plébiscité par les professionnels de santé

Concernant la perception de l’intégration de l’expérience patient par les professionnels de santé, l’IFEP a interrogé les participants à l’étude sur leur perception de la prise en compte du ressenti, du vécu du patient et de sa famille. Il en résulte que 78% des répondants considèrent que leur établissement prend assez en considération ces paramètres. En 2020 le pourcentage était de 71%, ce qui suggère une meilleure intégration des expériences et des attentes des patients dans la culture de soin. Cependant, l’IFEP souligne que 23% des professionnels estiment que l’expérience patient pourrait être mieux prise en compte et améliorée. Dans cette perspective, 46% des interrogés souhaitent contribuer à l’amélioration de l’expérience patient en “travaillant sur leur comportement au quotidien”, 20% en impulsant une réflexion auprès de leurs collègues et 34% “en étant proactif dans les démarches engagées par les établissements sur ce thème.

L’influence de l’expérience patient

A la question “d’après vous, l’amélioration de l’expérience patient a-t-elle un impact très important, plutôt important, plutôt pas important ou pas dutout important sur chacun des aspects suivants?”, les interrogés ont répondu que l’amélioration de l’expérience patient a un impact très important sur la relation avec les patients et la qualité des soins à 63%. Ils estiment aussi que l’amélioration de l’expérience patient a un impact très important et plutôt important sur l’image et la réputation de l’établissement, à 56% et 38%, et sur l’amélioration du bien-être au travail des professionnels de santé, à 50% “très important”, et 38% “plutôt important”. Ces résultats traduisent une réelle reconnaissance par les professionnels de santé de l’expérience patient comme un levier d’amélioration des soins de santé et du système de santé.

Conclusion

Les différents baromètres publiés par l’IFEP ainsi que leur comparaison nous montrent donc que l’expérience patient s’affiche progressivement comme un enjeu important pour les établissements de santé. Sa prise en compte est croissante et l’intérêt des équipes soignantes et des établissements de santé est aussi grandissant. Mais malgré cela, l’étude nous montre que la concrétisation d’actions autour de l’expérience patient pourrait encore largement être améliorée. Elle reste freinée par la préoccupation concernant l’épuisement des professionnels de santé, ainsi que par un manque de moyens financiers.

L’Institut Montaigne formule plusieurs recommandations pour améliorer le parcours de soins

By Etablissement de santé, Qualité

Dans une note publiée le 29 septembre 2021 par l’Institut Montaigne, la Directrice du programme santé Angèle Malâtre-Lansac fait un état des lieux détaillé des dysfonctionnements dans l’organisation du parcours de soins du patient. Elle y formule 5 propositions concrètes pour rendre le parcours patient plus fluide, efficient et personnalisé. Un soutien particulier est apporté à la e-santé, véritable levier de transformation au service des patients comme des professionnels de santé.

SOMMAIRE

  • Un patient acteur de sa santé
  • Un manque de lisibilité dans le parcours de soins…
  • …qui pèse sur la qualité des soins et leurs coûts
  • Des outils numériques indispensables pour inventer les parcours de soins de demain
  • Mieux prendre en compte l’expérience du patient
  • Les recommandations de l’Institut Montaigne

Un patient acteur de sa santé

Les transformations récentes de notre système de santé et de notre société ont modifié le rôle du patient dans son parcours de soins. Les patients demandent à être plus informés et impliqués dans leurs parcours de soins. Pourtant, si l’étude portée par l’Institut Montaigne souligne que 90% des patients jugent que la publication d’indicateurs sur la qualité des soins vécus par le patient est une bonne chose, nous sommes encore loin d’impliquer suffisamment les patients dans leurs parcours de soins. Il est encore trop en décalage avec les réelles attentes et besoins des Français. Leur sentiment très dégradé envers l’accès aux soins en témoigne. 37% d’entre eux déclarent avoir l’impression de vivre dans un désert médical.

Un manque de lisibilité dans le parcours de soins…

La complexification du parcours de soins est aujourd’hui largement corrélée au vieillissement de la population et à la multiplication des maladies chroniques. Celles-ci nécessitent une prise en charge de longue durée ainsi que l’intervention de différents professionnels de santé. Comme le souligne l’institut Montaigne, les patients peuvent se retrouver démunis face à la multitude de praticiens et d’interlocuteurs sollicités au cours de leur prise en charge. Ils déplorent un manque de coordination et de transmission de l’information entre les professionnels de santé.

On constate par ailleurs qu’elle repose encore beaucoup trop sur les patients et leurs aidants. Pour le patient, cela rajoute un poids supplémentaire à la maladie. Il y a pourtant de fortes attentes du côté des patients et des professionnels de santé. D’après une étude de l’Institut Français de l’expérience patient (IFEP), 88% des patients interrogées estiment que le partage d’expérience est utile à toutes les parties prenantes. Aux patients, aux professionnels de santé, ainsi que pour les autorités de santé. L’étude indique que 96% des professionnels interrogés sont prêts à s’investir pour l’amélioration de l’expérience patient.

…Qui pèse sur la qualité des soins et leurs coûts

Le manque de coordination entre professionnels de santé a des conséquences désastreuses sur la qualité des soins prodigués aux patients. Une information mal transmise peut entraîner une multitude d’événements indésirables. Comme par exemple une erreur médicamenteuse, une intervention retardée ou une errance face au diagnostic. En plus des conséquences néfastes sur la qualité des soins, l’Institut Montaigne nous rappelle que l’organisation chaotique de l’offre de soins a de fortes conséquences sur les coûts et les dépenses de santé.

En effet, le manque de coordination et de communication entre soignants et personnels de santé entraîne souvent une redondance des actes, une surprescription de médicament ou encore un mille-feuille administratif. Ces inefficiences ont un coût qui pourrait être réduit. En effet, on sait que la France consacre 11,3 % de son PIB à la santé. Ces « gaspillages » représententeraient près de 20 % de nos dépenses de santé selon l’OCDE.

Des outils numériques indispensables pour inventer les parcours de soins de demain

De plus en plus d’outils numériques sont mis au service des soignants et des usagers. Développés pendant la pandémie, CovidTracker et TousAnticovid en sont des exemples. Ils témoignent de l’ouverture de notre système de santé à des acteurs nouveaux. Plateformes de téléconsultation, prise de rendez-vous en ligne, objets connectés… Les acteurs privés et de la société civile ont aujourd’hui leur place dans l’univers très institutionnel de la santé.

On estime qu’il existe plus de 350 000 applications numériques dédiées à la santé dans le monde! Dans ce contexte, le numérique peut agir à plusieurs niveaux pour améliorer le parcours de soins. Il peut aider à faire de la prévention en santé en diffusant l’information auprès de la population. Par exemple dès l’école primaire, grâce à des jeux interactifs. Ou au quotidien au travers de campagnes d’informations. Par ailleurs, certains objets connectés peuvent permettre aux patients atteints de maladies chroniques de suivre l’évolution de leur maladies et d’interagir à distance avec leurs soignants.

Mieux prendre en compte l’expérience du patient

On sait d’ailleurs qu’il existe des applications permettant au malade de tenir un “journal”. Il peut y écrire son ressenti, ses réactions au traitement, ses appréhensions et la manière dont il vit la maladie. Les réponses transmises au soignant via l’application sont précieuses car elles représentent une véritable aide à la décision thérapeutique pour le professionnel de santé. Le numérique peut donc permettre une meilleure prise en compte de l’expérience du patient à différents moments du parcours de soins. Avant l’hospitalisation, pendant le traitement et après les soins qui lui ont été prodigués.

Numériser certains documents comme le recueil du consentement du patient (voir notre article à ce sujet) ou tout autre document nécessaire à la prise en charge du patient peut faire gagner du temps au praticien. Cela facilite la communication entre les soignants et assure une prise en charge fluide et adaptée du patient. En plus, cette démarche contribue à éliminer progressivement le papier. En France, il existe déjà des outils au service des parcours de soins, à l’instar du Dossier Médical Partagé (DMP). Créée pour faciliter le partage d’informations et la coordination, il doit éviter au patient de redonner son historique médical à chaque fois qu’il consulte un nouveau praticien. Il doit être déployé au sein de Mon Espace de Santé en 2022.

Les recommandations de l’Institut Montaigne

Ces propositions visent à repenser le parcours de soins dans une logique d’autonomisation du patient et de suivi global de sa prise en charge. L’objectif est d’inclure davantage de prévention et d’améliorer l’accompagnement avant et après la prise en charge du patient.

Mettre les ressources humaines au cœur de la transformation des parcours de soins

Si les outils numériques peuvent améliorer la qualité des soins, ils ne pourront être efficaces sans une meilleure formation des professionnels de santé et des patients à la e-santé ou encore aux data.

Faire de la qualité des soins une priorité

L’Institut Montaigne recommande de développer et de systématiser les indicateurs relatifs à la qualité des soins. A ce sujet, les des PREMS et des PROMS représentent une réelle opportunité (Voir notre article à ce sujet).

Garantir la sécurité, l’accès et la portabilité des données de santé

Cette étape est nécessaire pour faciliter l’échange d’informations entre professionnels de santé et permettre aux patients de changer de professionnel ou d’établissement sans perte d’information. L’interroperabilité des données de santé est un sujet d’autant plus important qu’il permet de faciliter la recherche ainsi que le déploiement de dispositifs de santé numérique à grande échelle.

Faciliter l’accès à des solutions numériques adaptées aux besoins des patients

L’Institut montaigne recommande la consolidation de la filière e-santé, afin “d’éviter l’éparpillement de solutions digitales, de même que leur évaluation et leur service rendu”. En effet, de plus en plus de start-up de la e-santé se développent en France pour proposer des solutions innovantes au services des administrations, des usagers et des professionnels de santé. Certains secteurs de l’innovation en santé comme la réputation en ligne des médecins ou bien celui de l’expérience patient sont encore trop peu considérés.

Rendre plus fluides les passages entre ville, domicile, hôpital et médico-social

Un des chantiers de la transformation de notre système de santé est de repenser les modalités de financement. Pour améliorer la qualité des soins et l’efficience de notre système de santé, il faudrait renforcer la rémunération à la performance et à la qualité, et s’éloigner davantage de la rémunération à l’acte. Comme le souligne l’Institut Montaigne, les modalités tarifaires actuelles participent encore trop à la fragmentation entre médecine, ville, hôpital et médico-social.

C’est pourquoi des modalités de paiement alternatifs doivent être développées afin de garantir coordination, qualité et efficience. Enfin, l’Institut Montaigne reconnaît la nécessité de revoir les incitations financières des professionnels de santé pour les encourager à la remontée de données et aux usages en e-santé. Parmi elles, on peut citer L’incitation financière pour l’amélioration de la qualité (IFAQ). Les établissements participant aux démarches IFAQ sont soumis à l’évaluation de leurs démarches qualité et peuvent prétendre à une rémunération en fonction des résultats atteints (Voir notre article à ce sujet).