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L’OCDE a récemment publié les résultats préliminaires de l’enquête sur les “Patient-Reported Indicator Surveys” (PaRIS). Elle a pour but d’ améliorer la façon dont on comprend et évalue les soins primaires (la santé en ville) en s’intéressant aux résultats en matière de santé, et plus particulièrement au vécu du patient. Elle met en lumière l’importance de la confiance à l’égard du système de santé et la nécessité de donner à chacun les clés pour être acteur de sa santé. On vous résume les conclusions de cette étude.

infirmière attentionnée

SOMMAIRE

  • PaRIS: de quoi parle-t-on ? 
  •  Des soins primaires de qualité pour une meilleure qualité de vie, même en cas de maladie chronique
  • Donner à chacun les clés nécessaires pour être acteur de sa santé
  • Un meilleur vécu augmente la confiance à l’égard du système de santé
  • L’importance de la relation patient-soignant
  • Pour un partage plus efficace des données de santé

PaRIS: de quoi parle-t-on ?

Les Patient-Reported Indicator Surveys” (PaRIS) ont été créées afin de pallier au manque d’informations pertinentes récoltées sur le vécu des patients. En effet, malgré l’abondance de données sur les soins de santé à l’échelle mondiale, les indicateurs de résultats des systèmes de santé portent généralement sur les ressources et les processus, plutôt que sur les conséquences des soins de santé sur la vie et le bien-être des patients. Cette enquête est la première enquête internationale à répondre à ce besoin. Elle se concentre sur une série d’indicateurs étudiant le vécu des personnes de 45 ans et plus atteintes d’une maladie chronique dans le cadre de leur parcours de soins, et sur les conséquences que cela engendre dans leur vie quotidienne. Toujours en cours, cette enquête est menée dans 20 pays et aboutira à une base de données finale constituée de plus de 100 000 patients soignés dans plus de 1 500 cabinets et structures de soins primaires. Les résultats préliminaires correspondent à plus de 1 200 cabinets et 60 000 patients interrogés dans 15 pays.  L’enquête PaRIS apporte un nouvel éclairage sur la manière dont les modèles de soins primaires répondent aux besoins des personnes, indépendamment de leur genre, de leurs revenus ou de leur niveau d’études.

Des soins primaires de qualité pour une meilleure qualité de vie, même en cas de maladie chronique

Selon l’OMS, Les soins de santé primaires constituent “une approche de la santé tenant compte de la société dans son ensemble qui vise à garantir le niveau de santé et de bien-être le plus élevé possible et sa répartition équitable en accordant la priorité aux besoins des populations le plus tôt possible tout au long de la chaîne de soins allant de la promotion de la santé et de la prévention des maladies au traitement, à la réadaptation et aux soins palliatifs, et en restant le plus proche possible de l’environnement quotidien des populations”. L’étude révèle que les personnes qui estiment bénéficier de soins primaires de qualité se sentent en meilleure santé, même lorsqu’elles sont atteintes de maladies chroniques multiples. Mais cela varie en fonction du pays, indiquant que le système de santé influence largement le vécu des patients. En effet, la proportion de personnes souffrant de trois maladies chroniques ou plus qui se déclarent en bonne, très bonne ou excellente santé est comprise entre 18 % et 70 % selon les pays. Autrement dit, les personnes atteintes de maladies chroniques multiples sont plus susceptibles de se déclarer en bonne santé dans les pays où la qualité des soins primaires est jugée élevée.

Donner à chacun les clés nécessaires pour être acteur de sa santé

Par ailleurs, l’étude montre que « la confiance des individus dans leur capacité à gérer eux-mêmes leur santé et leur bien-être tend à diminuer à mesure que le nombre de maladies chroniques augmente ». Or, si les soins dispensés par les professionnels de santé sont essentiels,  la plus grande partie de la gestion des maladies chroniques est assurée au quotidien par les patients eux-mêmes: prise des médicaments, organisation des rendez-vous, compréhension de l’évolution des symptômes, adaptation à ces changements, alimentation…. Il est donc essentiel de donner à chacun les moyens de bien gérer sa propre santé. Mais cela dépend de nombreux facteurs: état de santé de la personne, complexité de ses besoins en matière de soins, aptitudes personnelles et qualité des informations et du soutien reçu des professionnels de santé.

Un meilleur vécu augmente la confiance à l’égard du système de santé

Pour encourager les patients à suivre les recommandations en matière de santé, la confiance à l’égard des professionnels de santé et du système en général est indispensable. Cela peut considérablement influencer les résultats sur le plan sanitaire. Ainsi, l’étude nous montre que plus les personnes sont satisfaites de la qualité de la prise en charge assurée par leur prestataire de soins primaires, plus elles sont susceptibles d’avoir confiance dans le système de santé. Le vécu des patients joue alors un rôle déterminant. L’étude indique que pour les patients atteints de maladies chroniques, la confiance dans le système varie considérablement d’un pays à l’autre, alors que ce n’est pas le cas pour les patients qui ne souffrent pas d’affections chroniques. Chez les personnes atteintes de maladies chroniques multiples, la confiance dans le système de santé est corrélée à la façon dont elles évaluent la qualité des soins reçus de leur prestataire de soins primaires. Donc le vécu des patients est à prendre en compte pour améliorer la confiance des usagers.

L’importance de la relation patient-soignant

Au cours de son parcours de soins, le patient peut être amené à consulter dans différentes structures: cabinet, centre de santé, clinique, hôpital…et rencontrer différents professionnels de santé. Malgré la diversité du parcours, l’étude affirme qu’environ 80 % des patients font confiance aux professionnels de santé, quelle que soit l’organisation de leur pratique, et ils leur font davantage confiance qu’au système de santé dans son ensemble. Ils sont 78% à répondre « absolument » à la question de savoir s’ils font confiance aux professionnels de santé. Pour ce qui est de la confiance dans le système de santé, ce pourcentage est plus faible: il est compris entre 60 % et 65 %. Cela reflète l’importance de la relation entre patient et soignant. L’étude conclut même qu’une relation de longue date avec un praticien améliore la confiance et la qualité perçue des soins. Ce serait dû au fait qu’un suivi de longue durée permet d’instaurer un véritable climat de confiance et une communication ouverte entre patient et soignant. Il permet aussi au professionnel de santé de mieux saisir les antécédents médicaux de la personne, son mode de vie, et de mieux prendre en considération son vécu.

Pour un partage plus efficace des données de santé

La coordination des soins fait partie des enjeux actuels pour l’amélioration de notre système de santé. Les personnes souffrant de maladies chroniques doivent très souvent consulter différents praticiens, recevoir différents types de médicaments, de traitements et de conseils dans des structures différentes afin de vivre le mieux possible leur maladie. Bien sûr, plus il y a de pathologies, plus le risque de fragmentation des différents parcours de soins est élevé. La coordination et la continuité des soins sont alors essentielles. Pour les garantir, un partage efficace des informations est indispensable. Cela passe par des dossiers médicaux bien tenus, et par leur accessibilité à tous niveaux du système de santé. L’étude indique clairement qu’un échange d’information efficace entre les prestataires de soins influe sur la qualité des soins évaluée par les personnes atteintes d’au moins une maladie chronique. A l’inverse, dans les pays où les patients sont contraints de répéter les informations lorsqu’ils consultent différents professionnels de santé, la qualité des soins est considérée moindre.

On comprend que l’autogestion, l’éducation à la santé, le partage des données de santé, la coordination des soins et la relation avec les professionnels de santé sont tout autant de facteurs importants pour une plus grande confiance à l’égard du système de santé, et un meilleur vécu de la maladie pour les patients.