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Le professeur Alain Bernard, président de l’IRAPS à l’agence régionale de Bourgogne France Comté a récemment publié une tribune intitulée: “la qualité des soins en France est-elle comparable aux autres pays européens ?”. Elle a été publiée en juin 2023 dans le magazine du think tank CRAPS (Cercle de Recherche et d’Analyse sur la Protection Sociale). Que retenir de cet article sur la qualité des soins en France?

SOMMAIRE

  • La France et l’Allemagne sont les deux pays qui dépensent le plus pour la santé par rapport au PIB
  • La France ne fait pas partie des pays où les personnes ont la perception la plus élevée de vivre en bonne santé
  • Beaucoup d’argent investi pour une qualité des soins plus faible que d’autres pays européens
  • Comment expliquer ces résultats ?

La France et l’Allemagne sont les deux pays qui dépensent le plus pour la santé par rapport au PIB

Leurs dépenses de santé sont nettement plus élevées que la moyenne de l’ensemble des pays de l’OCDE (respectivement 12,5 et 12,9% du PIB, contre une moyenne à 10,5% du PIB pour l’ensemble des pays de l’OCDE).

La France ne fait pas partie des pays où les personnes ont la perception la plus élevée de vivre en bonne santé

Selon les récentes publications de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) portant sur des indicateurs de l’état de santé des populations des pays européens et leurs dépenses de santé, Les français se perçoivent en bien moi bonne santé que certains pays européens comme l’Irlande, le Danemark, la Belgique, la norvège ou la Suisse. Pour aboutir à ce résultat, les sondés ont notamment répondu à la question: Cet indicateur consiste à interroger les personnes pour répondre à la question suivante : « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, en raison d’un problème de santé, dans vos activités habituelles ? »

Beaucoup d’argent investi pour qualité des soins plus faible que d’autres pays européens

Pour comparer la qualité des soins des pays européens, l’OCDE se base sur 3 critères: l’évaluation des structures (nombre de lits d’hospitalisation, existence d’un secteur ambulatoire, présence de soins intensifs ou de réanimation, nombre de procédures pratiquées), les processus de soins (conformité de la pratique médicale aux recommandations), et enfin les résultats. Les indicateurs de résultats portent sur la sécurité des soins comme la mortalité ou la survenue de complications aux décours de la chirurgie. Les résultats sont peu évalués en France à l’opposé d’autres pays européens qui publient régulièrement les résultats des différentes techniques chirurgicales. A ce sujet, l’OCDE constate que les pays comme la Grande-Bretagne et l’Espagne ont un taux de mortalité post opératoire du cancer du poumon inférieur à la moyenne européenne. À l’opposé, deux pays comme l’Allemagne et la France ont un taux de mortalité respectivement de 2,9 % et 2,94 % alors que la moyenne européenne est de 2,1 %. Pour ces deux pays, la probabilité que leur taux de décès soit supérieur à la moyenne européenne est de 98 %.

Comment expliquer ces résultats ?

Le professeur Alain Bernard pointe plusieurs éléments:

  • Il est difficile de savoir pourquoi l’allemagne et la france ont un excès de mortalité postopératoire comparé à d’autres pays européens, mais on peut tout de même noter que le nombre de centres pratiquants des résections pulmonaires pour cancers bronchiques est plus important en France. En effet, 151 centres en France pratiquent des interventions chirurgicales pour cancers du poumon contre 27 hôpitaux au royaume uni. Selon le professeur Alain Bernard, cette  
  • Autre explication: l’absence d’une évaluation nationale de la performance au travers d’indicateurs de résultats des soins comme les PROMS. En effet, les équipes britanniques sont impliquées dans des programmes de suivi des indicateurs de résultats; comme la mortalité postopératoire. Les équipes sont régulièrement informées sur leur niveau de performance et peuvent ainsi mettre en place des mesures d’amélioration. En France, le suivi concerne uniquement des évaluations ponctuelles et n’évalue à aucun moment les pratiques de façon globale
  •  Aussi, les praticiens ont l’obligation de se former en continu. Obligation dont le fonctionnement est complexe et pas toujours bien gérée par les instances adminsitratives. Elle est davantage devenue une obligation réglementaire pour les praticiens, et le patient à totalement disparu de cet univers,

Finalement, on constate que la france est un pays qui investit beaucoup dans la santé, alors que ses résultats en termes de qualité des soins sont moins bons que certains pays européens. Le professeur Alain Bernard préconise d’aller plus loin dans la démarche de qualité en “proposant aux équipes médicales de s’interroger régulièrement sur les résultats de leur pratique”. Il entend promouvoir l’amélioration continue des indicateurs de résultat, avec pour but la qualité des soins dans l’intérêt des patients. A noter que la méthodologie est déjà bien connue et les outils sont disponibles. Cette démarche doit s’inscrire dans une volonté politique de convaincre les professionnels de santé à s’impliquer dans cette démarche d’amélioration de la qualité des soins.

Enfin, le pr alain bernard revient sur le sujet de la dispersion des plateaux techniques pour pratiquer des interventions chirurgicales complexes. D’autres pays ont su regrouper les plateaux techniques pour tenir compte des besoins de la population. Alors, les plateaux techniques à haut volumes permettent selon lui de rendre plus attractives ces structures aux praticiens. Il prent l’exemple de la Hollande. Ce pays a mis en place une centralisation des chirurgies complexes dans des hôpitaux séléctionnés. Cela permet de regrouper les compétences techniques nécessaires à l’amélioration de la qualité ses soins, qui est également plus facile à surveiller dans un tel contexte. 

Pour terminer, le pr alain bernard offre une conclusion pertinente: “ La qualité concerne les soins qui « maximisent, le bien-être des patients après avoir pris en compte le rapport bénéfice/risque à chaque étape du processus de soins . Cette approche devrait interroger non seulement les professionnels de santé mais également les décideurs.”

 

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